Comment s’adresser aux personnes en situation de handicap, sans les essentialiser ?

Le langage écrit a progressé : on ne dit plus « personne handicapée ». Y’a du mieux…
Dans le monde du graphisme, les choses sont plus complexes, puisqu’il nous faut précisément créer une image simple.

L’évidence serait de glisser quelque part dans l’image un fauteuil roulant signifiant « handicap ». Sauf que cela ne concerne pas tous les handicaps ; sauf que de surcroit cela essentialise le handicap.

Une existence résumée par une circonstance : comme si la personne n’avait pas des passions, des amis, un travail – ou pas – des joies et déceptions qui lui appartiennent et la définissent plus sûrement.

C’est tout cela que le signifiant « fauteuil » efface.

Singulièrement, cela s’oppose au plus sec des pictogrammes représentant un être humain : par défaut, lorsqu’on représente de manière universelle un être humain, on le perçoit dans toute son humanité – alors que lorsqu’on le précise ou le caractérise, on le place dans un groupe réduit à cette seule caractéristique.
Le pictogramme d’une femme signifie par défaut qu’elle n’est pas un homme, et ce faisant la réduit à « l’état d’être femme » avant que d’être humain.

Cela est parfois nécessaire, ne serait-ce que pour que les gens ne se trompent pas de porte… Mais, en l’espèce, est-ce le cas ?

Pour être à la hauteur de ce tout premier événement sportif lancé par la communauté d’agglomération Paris-Saclay, ouvert aux personnes en situation de handicap… il fallait prendre de la hauteur, justement.

La chimère issue de la fable « Le lièvre et la tortue », affirme comme le poème qu’il n’y a pas d’évidence. Malgré sa lenteur atavique, la tortue gagne la course car elle a mobilisé ses qualités singulières : la constance, l’endurance, la pugnacité.

La chimère, assemblage entre plusieurs animaux ou entre un humain et un animal, comme le centaure par exemple, nous renvoie immédiatement du coté du fabuleux, de l’extra-ordinaire, tout comme chacun compense ses défauts ou travers par d’autres qualités qui s’en trouvent décuplées.
Vous ne voyez pas très clair ? Il est probable que vous ayez l’ouïe plus fine que tout autre…

C’est tout le message de ce visuel : nous sommes tous hors normes, l’essentiel étant d’être au plus proche de sa singularité, de la ciseler : faire de ses défauts des forces, et de ses forces, un miel à partager… développant cette spécificité qui fera de nous, en toutes hypothèses, des vainqueurs.